​Pollinisateurs en danger : pourquoi la biodiversité a besoin d’autre chose que des ruches

Et comment réellement l'aider, sans tomber dans les pièges du marketing

Chers régénérateurs du vivant,

Chaque printemps, le bourdonnement des abeilles évoque la vie qui renaît. Mais derrière ce son familier se cache une réalité bien plus fragile qu’il n’y paraît.

Contrairement à ce que l’on croit souvent, ce ne sont pas les abeilles domestiques qui sont menacées, mais bien leurs cousines sauvages, ainsi qu’une foule d’autres pollinisateurs discrets mais essentiels : syrphes, bourdons, papillons, coléoptères, mouches...

Et pourtant, ce sont eux qui réalisent l’essentiel du travail de pollinisation dans les écosystèmes naturels et agricoles.


Abeilles à miel vs abeilles sauvages : comprendre les enjeux

Depuis plusieurs années, la médiatisation des ruches et du "sauvetage des abeilles" a popularisé l’apiculture urbaine. Mais attention : placer une ruche en ville ou au jardin n’aide pas les pollinisateurs sauvages — cela peut même leur nuire.


Ce qu’il faut savoir :

  • L’abeille domestique (Apis mellifera) n’est pas en danger d’extinction.
  • Les abeilles sauvages (plus de 360 espèces rien qu’en Belgique) sont en fort déclin, certaines en voie d’extinction locale.
  • Une ruche contient jusqu’à 50 000 abeilles qui consomment une quantité énorme de nectar et de pollen : cela met en compétition directe les pollinisateurs sauvages, souvent bien moins nombreux et plus spécialisés (= se nourrissant du pollen d'une palette moins large de fleurs), donc plus fragiles.
  • Par exemple, selon une étude publiée dans Nature (Lindström et al., 2016), l’ajout de ruches artificielles dans un écosystème diminue l’abondance des abeilles sauvages et leur diversité.


Le rôle crucial des autres pollinisateurs

En plus des abeilles sauvages, de nombreux autres insectes jouent un rôle clé dans la pollinisation des plantes sauvages et cultivées :

  • Les bourdons : très efficaces pour la pollinisation des tomates, fraisiers, courges...
  • Les syrphes : ces "mouches déguisées en abeilles" sont aussi d’excellents prédateurs de pucerons au stade larvaire.
  • Les coléoptères et papillons, souvent oubliés, assurent une pollinisation de nuit ou sur certaines plantes peu fréquentées par les abeilles.

🐝 En Europe, plus de 75 % des cultures alimentaires dépendent directement ou indirectement de la pollinisation entomophile (IPBES, 2016).

Bourdons

Syrphes

Coléoptères

Que faire pour favoriser les pollinisateurs sur votre terrain ?

Voici des actions simples et efficaces, que ce soit pour un particulier, une entreprise ou une collectivité :


1. Planter pour nourrir toute l’année

  • Choisir des fleurs mellifères, de préférence indigènes, riches en nectar et pollen, avec des floraisons étalées toute l'année, en faisant particulièrement attention à l'hiver et au début du printemps où les redoux peuvent réveiller les abeilles, et au plus sec de l'été où les fleurs peuvent manquer alors que l'activité des abeilles bat son plein
  • Remplacer les fleurs stériles à usage ornemental (ex. : certaines variétés de géraniums, les dahlias, les tulipes etc.)


2. Offrir des abris et des sites de nidification

  • Tas de bois, murets en pierre sèche, souches mortes, friches non fauchées en hiver, haies champêtres… tous ces micro-habitats accueillent des espèces précieuses.
  • Installer des hôtels à insectes simples et bien orientés (éviter les modèles marketing mal conçus !)
  • Laisser des zones de sol nu, de préférence en pente orientée Sud-Est, car 70 % des abeilles sauvages nichent dans le sol.

Abri simple et bien conçu

Abeille nichant dans la terre

3. Interdire les pesticides et herbicides

  • Même les produits dits “bio” (pyrèthre naturel, savon noir...) peuvent être nocifs : mieux vaut réduire l’entretien chimique au maximum et favoriser les régulations naturelles. 
  • Pour pouvoir vous passer de pesticides, il faut arriver à un équilibre écologique sur votre terrain, atteignable en suivant un design holistique de votre terrain.


4. Diversifier les structures végétales

  • Chez les particuliers, un jardin diversifié (verger, prairie, haie, friche, mare...) est beaucoup plus accueillant qu’un gazon uniforme.
  • En entreprise ou collectivité : valoriser les marges, les toitures végétalisées, les noues fleuries, les abords de parking...


Un investissement qui porte ses fruits

Encourager les pollinisateurs naturels, c’est aussi :

  • Améliorer le rendement et la qualité des fruits (+20 à 50 % dans certaines cultures selon FAO, 2018)
  • Réduire la dépendance aux intrants agricoles (pesticides, pollinisation manuelle...)
  • Améliorer la résilience du jardin ou du système paysager face au changement climatique


Comment produire du miel tout en respectant les pollinisateurs sauvages ?

Produire du miel sans nuire aux pollinisateurs indigènes est une question de densité, de lieu et de gestion. Nous préconisons de : 

  • Limiter le nombre de ruches à un niveau compatible avec la ressource florale locale.
  • Placer les ruches loin des zones sensibles, riches en espèces d’abeilles solitaires ou menacées.
  • Concevoir des espaces en faveur de tous les pollinisateurs.
  • Enfin, choisir des pratiques apicoles respectueuses du cycle naturel des abeilles (récoltes modérées, non-surcharge de nourrissement au sirop, pas de transhumance intensive)

En résumé : le miel oui, mais pas à n’importe quel prix pour la biodiversité.


Besoin d’un accompagnement professionnel ?

En tant que designer permaculturel, je conçois des aménagements écologiquement régénératifs et fonctionnels, qui renforcent les populations de pollinisateurs tout en embellissant et valorisant les lieux (chez les particuliers, les entreprises ou dans les espaces publics).

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Merci d'être des semeurs d'abondance et des amplificateurs de vie,

Christophe 🌳

La faune auxiliaire
Un allié précieux pour nos jardins et pour l'agriculture