Chers régénérateurs du vivant,
Dans nos jardins comme dans nos fermes, les animaux sauvages ne sont pas seulement de passage : ils sont souvent les meilleurs alliés du cultivateur, du maraîcher, du paysagiste, et de l’arbre fruitier. Coccinelles, vers de terre, oiseaux, crapauds, chauves-souris… : toutes ces créatures forment ce que l’on appelle la faune auxiliaire.
Plutôt que de voir la nature comme une menace à éliminer, la permaculture nous invite à l’accueillir comme une alliée à connaître et à soutenir pour bénéficier de ses actions positives.
Qu’est-ce que la faune auxiliaire ?
La faune auxiliaire regroupe les animaux qui rendent de précieux services écologiques aux jardiniers et agriculteurs. Ces services incluent :
1. La régulation naturelle des "ravageurs"
- Contre les pucerons : coccinelles, syrphes, chrysopes, araignées, perce-oreilles, rougegorges, troglodytes, mésanges…
- Contre les limaces : hérissons, crapauds, carabes, canards coureurs indiens, merles…
- Contre les rongeurs : renards, chouettes, fouines, buses, belettes…
2. La pollinisation des cultures
Abeilles sauvages, syrphes, papillons, coléoptères... tous ces insectes assurent la reproduction des plantes à fleurs. Sans eux, pas de courgettes, de tomates, de pommiers, ni d’oliviers.
3. L'amélioration de la structure et de la fertilité du sol
Les vers de terre, cloportes, collemboles, nématodes, champignons et bactéries sont les premiers partenaires du jardinier. Ils décomposent les matières organiques, aèrent le sol, facilitent la croissance des plantes, et fabriquent l’hummus et la fertilité.
Petite parenthèse sur les "ravageurs"
Aucune espèce animale n’est intrinsèquement nuisible. C’est le déséquilibre écologique qui fait proliférer certaines populations. En créant des habitats favorables aux prédateurs naturels et aux espèces compétitrices, nous ramenons la nature à l’équilibre, sans traitement chimique (ces derniers au contraire créent un déséquilibre, un vide dans lequel viennent pulluler des animaux qui ravagent nos plantations).
Comment accueillir la faune auxiliaire ?
1. Offrir le gîte
Pour accueillir cette faune, spontanément, nous pensons aux hôtels à insectes ou aux nichoirs. Bien conçus, ils peuvent s'avérer utiles.
Mais saviez-vous qu’il existe des abris encore plus simples à réaliser ? Un tas de branches peut servir de maison à un hérisson, un monticule de pierres ensoleillé réchauffera les couleuvres. Une haie vive, ne demandant que peu de taille, abritera une foule d’oiseaux et d'insectes. Une bande d’herbe non tondue permettra à nombre d’insectes de passer l’hiver. Un arbre mort pourra loger une chouette et ses petits.
Nos pratiques agricoles sont également à surveiller : un sol vivant, peu retourné et couvert de paillage ou de végétation préservera l’habitat des vers de terres, nématodes et bactéries qui rendent le sol fertile.
2. Offrir le couvert
A chaque saison, nos précieux auxiliaires doivent trouver à manger, même en dehors des périodes de pullulation de leurs proies. Pour cela, vous devrez vous empêcher de supprimer l'ensemble de leurs proies par vous-mêmes lorsqu’elles apparaissent, mais également leur fournir à manger lorsque la nourriture vient à manquer. Vous pouvez par exemple nourrir les oiseaux avec des graines en hiver, ou planter des végétaux attirant des pucerons différents de ceux qui ravagent vos cultures.
Pour les pollinisateurs, il est important de planter une grande variété de plantes locales, fleurissant toute l'année, même au plus sec de l’été où lors des éventuels redoux de l’hiver. Attention à l’implantation des ruches, qui peut se faire au détriment des abeilles sauvages.
Un point d’eau sera d’un grand secours pour abreuver ces petits travailleurs. Si vous ne pouvez pas installer de mare, une coupole peut faire l’affaire. Attention toutefois à bien l’aménager pour éviter les noyades ! Une idée plus originale ? plantez des cardères, aussi appelées “cabaret des oiseaux”. Leurs feuilles, disposées par paires le long de la tige, créent de petits réceptacles qui recueillent l'eau de pluie, servant ainsi d'abreuvoirs naturels. Elles ont en plus la bonne idée de décompacter et aérer le sol.
Et surtout : zéro pesticide, zéro poison
Un seul traitement chimique peut tuer des centaines d'alliés, qui mettent parfois plusieurs années à revenir ! Choisir la vie, c’est faire confiance aux équilibres vivants.
Zero phyto, en grandes cultures ?
Dans les Deux-Sèvres, grâce à plusieurs techniques favorisant la biodiversité fonctionnelle, un groupe de plus de 130 agriculteurs sur environ 500 parcelles, dans le cadre d’une "zone‑atelier" CNRS – INRAE entamée en 2013, a réduit de 30 à 50 % des son utilisations d'intrants (pesticides, engrais) quasiment sans impact sur les rendements. La baisse des coûts d'exploitation liés à l'achats de ces produits à même permis une augmentation de leurs revenus.
Dans ce cas, les aménagements permettant cette réduction consistent en un maillage continu de bandes enherbées, de bords de champs plus sauvages, de couverts fleuris (principalement des légumineuses) et de haies reliées à des bosquets existants.
En fait, les seuils de nuisibilité des ravageurs à partir desquels l'utilisation de pesticides est conseillée sont calculés sans la présence d'auxillaires. Or, Johanna Villenave-Chasset (15 ans d'expertise sur la biodiversité fonctionnelle en protection des cultures) explique que, lorsque l'on constate la présence d'auxiliaires au milieu de ravageurs, on peut retarder le seuil de traitement. Souvent, en laissant ce temps supplémentaire aux auxiliaires, on observera un effondrement de la population de ravageurs sans avoir dû traiter.
Même en monocultures, et sur de grands espaces, la faune auxiliaire peut faire des miracles si on lui fournit le gîte et le couvert.
Pour accueillir la faune auxiliaire dans votre jardin ou sur votre exploitation,
Merci d'être des semeurs d'abondance et des amplificateurs de vie,
Christophe 🌳